Qui est Mayvis William ? Danseuse, créatrice de vêtements ou mannequin, l’artiste bien connue de la scène créative parisienne depuis plusieurs années, revient dans cette interview sur ce qui l’anime, la compose et lui donne envie de continuer à créer et à être elle-même !
Photos numériques par moment_de_grace et argentiques par lunaticharlie


Bonjour à toi !
Mayvis : Bonjour Charlyze !
Je te remercie d’avoir accepté cette interview…
Mayvis : Avec grand plaisir !
Qu’on envisage depuis un certain moment…
Mayvis : C’est vrai ! (petits rires)
Donc pour commencer j’aimerais que tu te présentes à ta manière : personnellement, professionnellement, peu importe. Des petites idées de ton parcours, comment t’es arrivée à être qui tu es aujourd’hui quoi !
Mayvis : Mood ! Ok donc je m’appelle Mayvis William, je suis danseuse hip hop et house, danseuse freestyle. Et je suis designeuse et modèle à mes heures perdues. Hum, j’ai commencé par la danse, j’ai commencé la danse à 8 ans. J’ai fait cinq ans de danse classique et après j’ai arrêté pour mes études. Et j’ai repris en hip hop freestyle. Le hip hop a toujours été autour de moi, toi même tu sais en étant en famille, on a grandi dans ça, dans les clips américains : copier Missy Elliott, copier Ciara…la base ! Mais j’avais jamais pratiqué dans un club et au moment où j’ai pratiqué c’était chorégraphique. Et le hip hop freestyle j’en ai fait vers 18 ans/19 ans, je regardais des vidéos sur Youtube, des battles en France à Paris. Et j’ai kiffé, je kiffais le fait que ce soit une improvisation et que ça crée une émotion autour de pleins de gens. Donc c’est ça qui m’a attiré vers ça. Et c’est surtout de s’exprimer de manière unique parce qu’on est tous différents et de trouver la manière, l’expression à travers la danse, donc voilà c’est pour ça que j’ai continué ! La house je l’ai apprise à l’école parce que j’ai fait une formation à la JD school qui est une école de danse urbaine, “street dance”, j’aime pas trop danse urbaine donc je préfère le dire en anglais tu connais. Du coup j’y ai fait 3 ans de formation professionnelle et je me suis spécialisée en house et en hip hop que j’avais déjà commencé avant. Donc la house je l’ai vraiment apprise à l’école.


Pour ce qui est du mannequinat, j’ai fait quelques petits projets avec des gens que j’aimais bien et je privilégierai toujours ce genre de taff, je privilégie toujours des projets avec des gens que j’aime bien et qui m’attire. Je ne vais pas en faire une profession parce qu’être jugée en permanence sur mon physique c’est quelque chose que je veux, étant donné que ça arrive déjà dans la danse et j’arrive à le manager parce que je sais que c’est subjectif. Le fait de le faire dans une autre profession c’est compliqué, du coup je le fais quand ça me vient et quand le projet m’intéresse. Je suis aussi designer, j’ai commencé le design très très jeune, je ne savais même pas que ça en était. J’ai commencé à faire des petits bijoux, j’ai même une dent cassée par ma bêtise, parce que je pensais que je pouvais faire des bijoux avec mes dents (rires) quand j’avais sept ans. Du coup j’ai une dent cassée qui me rappelle cette bêtise pour toujours. Je dessinais sur des jeans, je coupais les t-shirts de mes frères et sœurs, d’ailleurs on m’appelait la « coupeuse de t-shirts » à la maison. Je me rappelle qu’on avait une grosse armoire avec plein de t-shirts que mon père ramenait parce qu’il travaillait dans la sécurité et il voyait plein d’artistes. Donc j’avais plein de t-shirts de Rohff, t-shirts Africa de Rohff, je m’en rappellerai toujours, j’ai commencé par les couper quand j’avais onze/douze ans. Et finalement c’est revenu pendant le confinement parce que j’avais toujours envie d’apprendre à coudre et j’ai appris à coudre et j’ai fait mes propres modèles. Et quand mon entourage a découvert que c’est moi qui faisait ce que je portais et il voulait que j’en fasse pour eux, du coup j’ai commencé à vendre ce que je faisais. Bon voilà : danseuse, designeuse, modèle ! Et je vis avec ça, la vie est belle !
Très bien, une artiste alors ? !
Mayvis : une artiste…
Une artiste multipotentielle !
Mayvis : Exactement !
– Je me définis comme quelqu’un de calme, d’organisé, de timide, d’introverti mais qui grâce à l’art arrive à exprimer tout ce que j’ai dans ma tête –
Et comme t’as évoqué « ce que ton père faisait », est-ce qu’on peut dire que tu es descendante d’artistes quelque part ou de parents créatifs ? On va pas rentrer dans le personnel, mais si tu peux nous parler de leurs professions, ta mère était aussi dans le milieu !
Mayvis : Ça c’est sûr que mes parents ont beaucoup aidé, ils nous ont laissé nous exprimer très tôt. Mon père, j’habitais pas avec lui mais à chaque fois qu’on était avec lui, il nous rappelait “oui vous vous rappelez c’est moi qui mettait les sons de Michael Jackson dans la voiture” et en vrai ce sont des souvenirs où j’étais très jeune, je devais avoir deux/trois ans mais ce sont des choses que j’ai connu très tôt et qui sont devenues familières très tôt parce que mon père est très très fan de musique. Et aussi le fait qu’il travaille/travaillait avec des artistes, comme il était dans la sécurité, donc j’ai pu aller à des concerts grâce à lui. Je me rappelle le concert de Diam’s c’était une vibe, j’ai pu aller à des concerts, j’ai pu aller dans des endroits…je me rappelle être allée très très tôt à la Bellevilloise. Maintenant que j’habite à côté, je me dis que c’est une salle que je connais depuis toujours ! Dès qu’il pouvait il nous a toujours emmené là où il allait, il nous mettait toujours bien donc j’ai connu pleins de choses grâce à lui. Et ma mère est aussi très importante pour ça parce que mes frères et soeurs et moi sommes cinq, on a vécu dans le même foyer étant cinq enfants et on faisait toujours des spectacles je me rappelle soit c’était pour Noël, soit c’était pour un évènement religieux, quelque chose, on préparait toujours un show et on avait toujours notre moment où on dansait. Et je me rappelle que mon frère était le présentateur et nous on dansait, on faisait des chorégraphies. Je me souviens des embrouilles qu’on avait entre sœurs sur des musiques, on était déjà dans l’optique de faire les choses bien. J’ai grandi autour de ça et je pense que c’est devenu naturel. Après ma mère voulait que je fasse des études et j’en ai faites, je les ai finies mais dès qu’elle a su que je voulais faire une école de danse, c’est arrivé à un moment de ma vie et de notre vie où on vivait une période très difficile et elle a tout de suite accepté parce que déjà elle a vu que je pouvais me payer mon école, que j’étais plus indépendante avant que tout cela arrive. Et elle voyait que c’était quelque chose de vraiment naturel pour moi et pour nous, de faire de l’art. Maintenant elle me demande des vidéos et ça se passe bien.
Du coup t’as déjà un peu répondu à la question mais comment tu te définirais ?
Mayvis : Comment je me définis ?
C’est une question ouverte !
Mayvis : Je me définis comme quelqu’un de calme, d’organisé, de timide, d’introverti mais qui grâce à l’art arrive à exprimer tout ce que j’ai dans ma tête. Je suis très hyperactive mentalement aussi donc dès que j’ai une idée il faut que je l’exécute sinon ça va me trotter dans la tête pendant très longtemps. Donc ouais je suis chill, je fais ma vie, je suis pas au mieux que je puisse être au niveau de mon organisation mais c’est quelque chose sur laquelle je travaille pour pouvoir faire ce que je veux faire. Parce que je sais qu’en vrai que je commence à avoir de plus en plus d’opportunités, il faut que je sois carrée pour pouvoir faire tout ce que je veux faire et pour pouvoir donner du temps à tout ce dont je veux donner du temps.

Et comment la danse est venue à toi, la danse en général, de ton enfance à aujourd’hui, parce que t’aurais pu faire d’autres sports ou c’était quelque chose d’imposé par la famille ?
Mayvis : La danse c’est quelque chose qui a toujours existé dans la famille, ça a toujours été présent mais ça n’a jamais été considéré comme une profession jusqu’à ce que j’avance dedans. Malgré tout, on connaît les familles africaines, ça parle etc mais dès que quelque chose ARRIVE, là ça parle plus et prend au sérieux, donc dès que j’ai commencé à faire des scènes “intéressantes”, c’est devenu quelque chose qui pouvait être considéré comme une profession. Et il y a aussi ma cousine et mon frère qui se battent aussi dans la famille, on se bat plus vraiment mais on s’est “battus” pour se défendre dans notre famille pour qu’ils nous prennent au sérieux. Maintenant on est en harmonie avec ça. Et oui la danse a toujours été là : évènements familiaux, réunions familiales, dès qu’on découvrait un clip il y avait la famille de Clichy qui disait à la famille de notre ville “on a découvert ça !”. Il y a une famille qui a le câble, on va chez la famille en question pour regarder le clip. Il y a toujours cette connexion au moins avec la musique et la danse. Tu connais !
Oui je connais ! (rires) Donc t’as parlé des canaux par lesquels tu t’exprimes, est-ce qu’il y en a un que tu préfères : la danse mais tu fais aussi du mannequinat et surtout tu as ta marque !
Mayvis : Je trouve que le canal le plus important pour moi ça restera toujours la danse parce que c’est celui qui me permet d’évoluer, étant donné que quand je suis en entraînement ou autre, il y aura plus une tendance à découvrir et rechercher qui sera plus naturelle parce que j’ai l’habitude de le faire. Mais par rapport à ma marque, c’est quelque chose que je viens de débuter qui m’enthousiasme beaucoup mais avec laquelle j’ai plus de difficultés à adapter ma créativité. La danse pour l’instant est le canal le plus important pour moi parce que c’est celui que j’ai travaillé le plus et qui m’aide dans les autres. Dans le mannequinat, je sais que le fait d’être danseuse donne plus d’habilité enfin de conscience physique donc je sais comment mettre mon corps quand on me dit “fais ça, marche”etc. La danse et la ballroom donc l’expression créative, ça m’aide dans les autres canaux.
Et comment t’en es arrivée à créer ta marque ?
Mayvis : Alors ma marque en gros c’est vraiment autour de la danse que je l’ai créée en premier, parce que j’avais envie de faire des articles et des produits qui puissent parler aux danseurs et on va dire aux aficionados du hip hop. Donc c’est de là que c’est venu. Et aussi administrativement parlant, ça me permettait aussi de vendre mes créations donc au black tu connais (rires). Je devais faire une marque, la répertorier et le nom Ugly State ça vient du fait que je n’ai jamais été la plus belle des filles. Et ça m’a jamais dérangé…
Qui t’as dit ça ?
Mayvis : C’est mon expérience de vie tu vois même si tu as un autre point de vue, c’est vraiment comme ça que ça s’est passé pour le coup. Et à un moment j’étais en mode : comme j’ai jamais eu une émotion hyper intense envers le fait de ne pas être un canon de beauté, je ne dis pas que je suis moche…
Nan nan…
Mayvis : Je me suis dit : si toi tu m’appelles moche et moi je sais que je suis bien, que je suis belle, que je sois moche tu vois ! Oklm ! Et je me dis de réapproprier le terme ugly c’est quelque chose qui m’intéressait et qui signifie que tout est subjectif et que “ok soyons moches, soyons moches ensemble il n’y a aucun problème”. Qu’est-ce que ça change à ma vie que tu me fasses part de ton avis ? Et même le fait que je n’ai pas eu d’émotion forte envers ce mot, ça m’a fait l’apprécier un petit peu. Les choses moches sont des fois très intéressantes, il y a un truc, une curiosité. Et state, c’est pour le rassemblement, faire écho au fait que la culture hip hop c’est une culture communautaire et que tu ne peux pas prendre dans cette culture et ne pas forcément rendre sans que ce soit en harmonie. Je ne peux pas me dire que même si j’ai travaillé pour mon mouvement, mon freestyle, je ne peux pas prendre des remerciements et ne rien donner en échange et pour moi donner c’est créer des choses qui me ressemblent, faire des choses sympas. Mes petites créations je ne les garde pas pour moi, je les partage, il y a des gens qui aiment bien et c’est cool ! Donc voilà !
Très bien ! Et est-ce que tu pourrais nous parler de tes aspirations et de tes inspirations ?
Mayvis : Alors mes aspirations…
Elles sont grandes….
Mayvis : Elles sont très grandes mais je ne sais pas si j’ai envie de les verbaliser
D’accord si tu ne veux pas t’es pas obligée…
Mayvis : C’est intéressant parce que je me pose cette question…alors bon mes aspirations c’est de créer des vêtements et des choses pour des artistes très connus.


Period !
Mayvis : Dont une que j’aime beaucoup, Rihanna là ma copine (rires)
Hey mais c’est prophétique il faut le dire à haute voix !
Mayvis : Mais ouais et même c’est une inspiration et j’aimerais bien arriver à un stade où je peux fournir des choses pour des artistes qui m’inspirent dont elle. Et dans la danse on peut aller plus haut donc danser pour des artistes qui m’intéressent tu vois, créer des pièces à mettre sur scène, devenir chorégraphe. Mais je sais que pour ça j’ai encore beaucoup de temps pour faire grandir ma connaissance, regarder où je dois rester curieuse pour que je puisse bien le faire ! Et j’ai des bonnes inspirations autour de moi, dont une qui s’appelle Nicolas Huchard c’est mon chorégraphe, une grande inspiration parce qu’il chorégraphie et là il est dans une “era” (une période) où il met en avant des personnes noires. Donc c’est une grosse aspiration à Paris. Après dans l’art et dans la musique mon inspiration forever, that’s my mom : Erykah Badu !
Hum hum hum !
Mayvis : FOREVER !
Yes !
Mayvis : J’aime beaucoup Wu tang, le Wu tang clan ce sont des ovnis pour moi, j’aime trop ce qu’ils ont fait au moment où ils l’ont fait pour moi c’était incroyable. Si j’avais été présente à l’époque, j’aurais pété ma tête ! J’aime beaucoup aussi Pharrell parce que c’est un ovni, pareil un alien donc j’aime trop ce qu’il proposait aux moments où il les proposait et ce qu’il propose toujours. Kelis j’aime beaucoup, Rihanna j’aime beaucoup aussi…
Ce sont des aspirations très américaines !!
Mayvis : Ah oui !
Et en grandissant, tu allais plus vers les États-Unis Unis ou les pays anglo-saxons/anglophones, pour chercher tes modèles ?
Mayvis : Oui parce que il n’y avait pas grand chose ici (rires) no shade, il n’y avait pas grand chose en France. Nan mais c’est vrai il y avait qui ?
Aïe aïe aïe ! Nan mais je te pose la question.
Mayvis : Et même maintenant ben il y a qui ? Il y a Aya, il y Tayqui, Tayc (rires)
Ah je suis morte, même moi je ne sais comment dire, Tayc nan
Mayvis : En tout cas, il est camer c’est l’essentiel !
C’est l’essentiel !
Mayvis : Donc ouais même maintenant il n’y en a pas beaucoup alors qu’avant il n’y avait que des rappeurs et tu sais que moi le rap français c’est pas trop mon délire. Il y avait deux branches : le rap hardcore qui ne m’a pas attiré plus que ça et le rap en mode commercial un peu pop que j’aimais pas non plus, même si on s’est bien amusés sur certains sons, c’était plus de la rigolade que c’était mes idoles. Et aux États-Unis, ils étaient deter et il y avait pleins de choses qui se passaient et il y a pleins de barrières qui ont été cassées quand on était jeunes : de voir une Missy (Elliott) qui détrône tout le monde et qui pour moi n’est pas encore assez récompensée comme elle le devrait…
Pareil !
Mayvis : Ça se discute ! Missy, Timbaland…tu vois il y a la France et il y a les États-Unis. Et même ce que la France fait, est inspiré par les États-Unis. Donc on est obligé d’aller à la source et on a eu la chance d’aller à la source sans savoir inconsciemment et voilà pour moi les inspirations sont cainris parce que c’est la source. Maintenant bien sûr qu’en France il y a des choses qui se passent mais ce ne sont pas des choses qui m’inspirent !
Très bien !
Mayvis : No shade (petits rires)

Et en terme de danse même mannequinat parce que je sais que t’aimes beaucoup ces univers ?
Mayvis : En termes de danse, je trouve qu’il y a beaucoup de filles en ce moment qui sortent dans la danse, dans le hip hop underground. Et en Europe, il y a énormément de filles qui sortent, qui viennent de la génération juste après moi et elles m’inspirent de ouf. Au moment où je suis arrivée pourquoi ça m’a pris autant de temps de faire des battles et de rentrer dans le milieu, c’est parce qu’il n’y avait pas vraiment de filles et quand il y avait des filles, elles n’étaient pas dans ce que moi j’étais donc ça ne m’a pas donné envie. Et les filles qui arrivent me donnent envie de continuer et de faire plus parce qu’elles sont déter. Il y en a une qui s’appelle Neo, c’est une néerlandaise, après il y a mes copines Mariana, Serena, j’ai la chance d’avoir un bon cercle d’amies, qui est deter aussi et qui est très très inspirant : Mariana, Serena, Samtou, Tine, Gaby, Astou, on est beaucoup. Donc mes copines en France et les femmes danseuses qui sortent en ce moment !
Et est-ce qu’on peut avoir des indications de tes buts et rêves ?
Mayvis : Alors moi mes rêves seraient de continuer à faire ce que je veux, parce que là j’arrive à le faire et à être payé pour ça et en gagnant plus d’argent !
C’est l’essentiel, c’est tout ce que je peux te souhaiter !
Mayvis : C’est ça mes rêves, juste d’être heureuse, d’avoir la santé parce qu’au final c’est le plus important. La santé pour pouvoir faire ce que je veux et continuer à ne pas être installée quoi. Mes rêves en vrai c’est juste continuer, faire plus !
– En général je ne mets plus dans des espaces où je vais être rejetée, parce qu’on a plus d’espaces où je peux être acceptée ! –
T’as déjà commencé à répondre à la question mais qui sont les personnes qui t’entourent ?
Mayvis : Les personnes qui m’entourent pour le coup ce sont des “walkeuses”, le walk c’est une danse qui est née à la fin des années 70 à Los Angeles. Et c’est une danse qu’on danse avec les bras sur du disco et de la funk. Je les ai rencontrées dans des battles d’All styles et quand on a commencé à faire des battles tous styles, on a commencé à se croiser plus. J’ai rencontré Mariana en premier, après Serena, Tine, on s’est toutes un peu connues comme ça, puis après on a commencé à sortir ensemble, on a commencé à discuter ensemble et faire des projets ensemble. On a un projet collectif qui s’appelle “trop c’est trop” et c’est un projet pour défendre les femmes et hommes qui subissent du harcèlement de rue et du harcèlement en général. On publie, on fait des vidéos avec de la danse, on essaie d’utiliser notre art pour ça. Donc ouais mon entourage c’est elles et ça m’aide beaucoup ça me motive et ça me fait des petits pics en mode “ah ok vas-y, toi tu fais ça, ben moi je vais faire ça” et c’est parce qu’elles sont dans leur milieu et moi je suis dans un milieu que je peux exploiter à ma manière et elles m’aident à être inspirée et exploitée ce milieu là. Donc c’est cool !
Et est-ce que t’as rencontré des plafonds de verre parce que tu parles beaucoup des discriminations et stéréotypes auxquels tu es confrontée et que tu rencontres depuis un certain moment. Et notamment à cause de ton physique…
Mayvis : Hum
Est-ce qu’au niveau de ta carrière des personnes t’ont dit “non” et t’ont fait comprendre que tu n’étais pas à ta place ou que tu ne pouvais pas y arriver ?
Mayvis : En vrai les discriminations c’était quand j’étais plus jeune, c’était plus parce qu’on a grandi dans une ville-village où quand on est arrivés, on était la deuxième famille noire…troisième pardon. Et après c’est arrivé tu vois et de base c’est pas un endroit où les gens se mélangeaient, du coup j’ai grandi avec des gens qui me rappelaient assez souvent que j’étais différente. Mais au final c’est pas quelque chose que je rencontre souvent dans ma profession parce que les gens kiffent les “grandes noires” donc c’est cool !
Ils kiffent quoi ?
Mayvis : Les grandes noires, c’est la tendance en ce moment, c’est cool hein !
Wesh (rires)

Mayvis : On est dans une ère où les gens acceptent les gens différents du français “de base” on va dire et du coup c’est cool parce que ça fait que quand je me montre et fais des castings, les gens sont intéressés. Et je sais que si c’est un casting qui me correspond, la réponse sera positive et en général je ne mets plus dans des espaces où je vais être rejetée, parce qu’on a plus d’espaces où je peux être acceptée !
Period ! Une chic citation !
Mayvis : C’était quoi la citation ? (petits rires)
Ce que tu viens de dire, t’inquiète je vais la retranscrire. Et donc tu as beaucoup répondu et anticipé les questions mais tu parlais de viser un idéal et je crois que tu avais dit Rihanna c’est ça ?
Mayvis : Ouais c’est mon idole parce qu’en vrai Rihanna c’est une villageoise Elle vient de la Barbade…
Nan mais c’est vrai, elle est pas américaine de base !
Mayvis : Elle est comme nous c’est une villageoise, elle est venue elle a fait son truc et continue à faire son truc. Elle s’expanse dans tous les sens, c’est devenu une araignée : elle fait des sous-vêtements, elle fait du maquillage bientôt je suis sûre elle va faire des vêtements, elle a déjà fait des vêtements de luxe, elle chante, elle danse enfin elle fait son petit whine. Tu vois elle est créative et j’aime bien la manière dont elle s’est appropriée certains espaces, de la très bonne manière de faire, toujours en laissant de la place pour les personnes comme nous donc je kiffe ! Et on va pas dire que c’est mon idéal mais c’est quelqu’un qui reste une grosse grosse inspiration pour moi. Mes autres idéaux ? Ma mère en vrai elle a fait plein de choses, elle nous a beaucoup soutenu et elle a fait énormément de choses pour nous, dont je suis sûre de ne pas être au courant de la moitié. Je le sais parce que je suis encore là et il y a des choses qui quand on était jeunes se passaient et on ne le savait pas, elle a toujours fait en sorte qu’on soit bien. Maintenant qu’on est tous grands, c’est une grosse bucheuse, elle continue à travailler, elle continue à se démener pour elle-même et pour être bien !
C’est qui les gens comme nous, c’est qui les gens comme toi ?
Mayvis : Les gens comme moi sont des personnes différentes, qui n’ont pas forcément “une place attribuée. C’est-à-dire qu’il n’y a pas une chaise, tu dois fabriquer une chaise pour t’asseoir sur une chaise en général. Je parlais de Rihanna quand je disais ça car je pense que ce qui m’a marquée le plus, c’est bête mais c’est le fond de teint qu’elle a fait, avec au moins 20 000 carnations de peaux et rien qu’avec ce statement là, elle montre juste que le monde du cosmétique ne voulait pas faire du maquillage pour les personnes noires et qu’il y a tellement mais tellement de carnations…même pour les carnations blanches. Elle a juste dit “honte à vous”, c’est juste pour montrer qu’il y a beaucoup de choses à établir pour des personnes qui ça ne l’est pas, même en France, on achète ses produits. Ici aussi il y a ce genre de problèmes discriminatoires et que ce n’est pas quelque chose qui est uniquement américain. Et ça ne se définit pas qu’avec un fond de teint, le fond de teint je trouve que ça symbolise la discrimination en général dans pleins d’espaces.

En termes d’expériences et projets, est-ce que certains t’ont marqué plus que d’autres ?
Mayvis : Récemment j’ai fait un projet cool chorégraphié par Nicolas Huchard et c’était un défilé Off-White et c’était pour la Fashion Week de septembre (2022)…
C’était trop bien !
Mayvis : Et ouais c’était trop bien parce que le projet était cool parce que, mais pas que, il y avait une grande majorité de personnes noires et des mouvements qui étaient afrodescendants et aussi le fait qu’en tant que danseuse des fois tu fais des jobs ça se passe trop mal et avec lui ça s’est très bien passé, tout coulait, tout le monde était content. Et en plus c’était bien payé, c’était le job idéal ! Après il y a des projets et objectifs plus personnels comme au niveau des battles, je me montre beaucoup plus et j’ai beaucoup plus confiance qu’avant et je suis arrivée à un stade où je ne suis plus admirative des danseurs, je suis juste parmi eux et je me fais plus confiance qu’avant ! Je suis dans un truc “Bonjour je m’appelle Mayvis”, je suis plus concentrée !
Et qu’est-ce t’insinuais par le fait que ça se passe parfois mal avec certains chorégraphes ?
Mayvis : Ah des fois les chorégraphes sont très désagréables, ils font des réflexions pas cool ou alors l’organisation est mal faite ou t’es mal payé(e) pour le job que tu fais…il y a beaucoup de projets où je me suis dit “mais quand est-ce que ça va finir ?” alors que tu choisis de vivre de ta passion mais des fois tu te retrouves à travailler pour ça et tu as envie que ça finisse le plus possible tu te dis que “c’est pas ça” et tu t’éloignes un peu. Bosser avec des bonnes personnes en ce moment ça m’a aidé à me dire “ouais c’est cool en fait”, en ce moment j’ai un autre projet dont j’ai pas parlé je viens de me rappeler : je suis allée en Suède pour une pièce et ça s’est trop bien passé parce que je travaillais qu’avec des amis, les personnes que je ne connaissais pas sont devenues des amis, ce sont des personnes très actives et créatives dont ça m’a inspirée. Quand je suis revenue à Paris, j’étais trop bien donc j’ai hâte de reprendre ça.
Et toi même t’es chorégraphe ou tu te considères que comme danseuse ?
Mayvis : Nan je suis que danseuse, interprète
Comment ça ?
Mayvis : Je ne fais pas de chorégraphies, j’en fait mais pour donner des cours mais je ne fais pas de projets chorégraphiques
Mais quand tu donnes tes cours, t’inventes…
Mayvis : En fait c’est différent parce qu’en gros quand tu donnes des cours, t’apprends aux gens des choses, ce n’est pas une chorégraphie mais une routine et ça leur permet de garder un élément en mémoire comme un enchaînement de mouvements, pour qu’ils puissent les retravailler. C’est pas forcément pour créer une image que je fais ça ou pour parler d’un propos et je pense que la chorégraphie c’est beaucoup plus qu’assembler des mouvements. Tu vas d’abord penser à quelque chose, te dire : cette pensée-là, comment je peux la retranscrire en mouvements, en corps et de là tu vas créer quelque chose. Et ce n’est pas quelque chose que je fais pour l’instant mais c’est quelque chose que je veux faire. Mais je pense que j’ai envie de continuer à être curieuse par rapport aux choses que je fais pour prendre le plus d’infos possible et pour après, balancer quelque chose de construit. Mais ça viendra c’est sûr !
Et t’envisages de toucher à d’autres métiers artistiques ou t’es bien à ta place ?
Mayvis : Je pense que je suis bien à ma place, j’ai d’autres passions mais je n’ai pas envie de trop les monétiser, je préfère qu’elles restent des passions. Je fais déjà trois choses que j’aime bien et avec lesquelles des fois j’ai une relation “amour-haine”, avec la danse souvent tu t’entraînes beaucoup et après quand tu n’arrives pas à faire quelque chose t’es frustré(e) et tu ne veux plus t’entraîner pendant un moment, parfois c’est un combat. Et je me dis que trois c’est déjà bien. Par exemple avec mes bobs (chapeaux), j’ai des deadlines et je me dis que j’ai pas fini ça et du coup je suis débordée et ça crée du stress, donc même si c’est une passion, tu as des sentiments négatifs qui viennent envers elle. Donc je préfère garder mes autres passions telles quelles. Et je sais que j’ai envie de construire pleins de choses avec la danse, ma marque et le mannequinat même si ce sont pas ma priorité mais c’est cool aussi, j’ai envie d’évoluer avec ça et je me dis que c’est bien de rester concentrer sur deux-trois passions !


Et tu te vois vivre encore longtemps en France ou tu te laisses l’opportunité de partir ?
Mayvis : Je me vois voyager, continuer à voyager pour sûr et explorer mais vivre ailleurs, pour l’instant c’est pas envisager pas dans les deux prochaines années qui arrivent parce que j’ai du taff ici. Mais peut-être que plus tard ça viendra car j’ai rencontré pleins de personnes qui voyagent et ça m’a beaucoup inspiré de me dire de bouger au vu de comment elles sont, comment elles se comportent, la vision qu’elles ont de la vie. Je sais que voyager les a beaucoup aidées à découvrir des choses sur elles-mêmes et sur le monde donc c’est quelque chose qui m’intéresse ! Je pense que je le ferai pendant quelques mois mais vivre… je n’ai pas encore trouvé, peut-être qu’en voyageant ça va m’aider à un endroit !
Très bien, c’est bien dit ! J’arrive à la fin de mes questions madame, qu’est-ce qu’on peut te souhaiter pour la suite ? Est-ce que tu voudrais nous parler d’autres choses, t’exprimer ?
Mayvis : Hum non je pense que je me suis énormément exprimée et je suis contente d’avoir eu des questions qui m’amènent vers ces réponses, donc c’était cool. Qu’est-ce qu’on peut me souhaiter ? Ben de la réussite et on peut me souhaiter de connecter avec Rihanna ! (rires)
Nan mais vraiment je vais mettre ça en prières !
Mayvis : Mets ça en prières et on y va !
Et des projets à venir que t’aimerais nous partager ?
Mayvis : Pour Ugly State en général je fais des drops, je vais continuer à en faire. Et pour la danse, que ça se passe bien pour les battles, j’espère que ça va avancer et ça commence à bien avancer j’ai quelques propositions donc c’est cool. Donc plus de propositions et avec ma compagnie La diva aux pieds nus, ça se passe bien aussi et j’ai juste hâte que tout le monde voit le spectacle !
Ben écoute merci beaucoup !
Mayvis : Mais merci à toi Smarties ! (rires)


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Lunaticharlie !
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