Minari (2020) : à la recherche d’un rêve américain

Source : Google Images

Minari (2020) est réalisé par Lee Isaac Chung et produit par Jeremy Kleiner (12 Years A Slave 2012, Moonlight (2016). Le film fait parti de la sélection du festival Sundance 2020 et est diffusé par la chaîne de production cinématographique américaine, qu’on ne présente plus, A24. Minari est une oeuvre cinématographique bouleversante et intelligente, dressant le portrait d’une famille américano-coréenne, à la recherche de son rêve et son étoile. Voici mon analyse.

Le piège du rêve américain

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D’emblée, le film nous montre une famille américano-coréenne, qui s’installe dans la campagne, en Arkansas. La famille Yi vient s’installer pour recommencer leur projet agricole et si possible, pouvoir enfin vivre par leurs propres moyens et récoltes. La famille porte en elle ses bagages matériels et surtout émotionnels. On devine à leurs vêtements et aux infrastructures, que le film prend place dans les années 60/70. D’autant plus que la plus grande vague migratoire coréenne vers les États Unis a eu lieu entre 1960 et 1980. Les locaux sont accueillants mais méfiants et remplis de préjugés surtout les enfants, signe d’une ignorance accrue. La religion est au coeur de la communauté et établit le lien social et surtout, l’agriculture reste essentielle à la région. La vie du couple bat de l’aile et tout ne tient qu’à la réussite de la pousse de fruits et légumes coréens, opérée par le père Jacob (joué Steven Yeun). Le père Jacob et la mère, Monica (jouée par Han Ye-ri) ont quitté la Corée pour pouvoir fuir la misère et en pensant trouver cette promesse philosophique et idyllique essentielle aux Etats Unis : ce libéralisme et la course à sa réussite personnelle et économique. La mère Monica est aimante mais dépassée par sa situation, elle met sa famille au centre de tout. L’Amérique représente ici une terre d’accueil, avec ses codes sociaux et culturels perméables et laissant la place à d’autres cultures.

Le lien immuable grand parent et petit enfant

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L’arrivée de la grand mère, Soonja (jouée par Yoon-Yeo-Jeong) dans la famille est censée apaisée les tensions et resserrer les âmes de la famille. La place de la grand-mère dans Minari va au delà d’un aspect relationnel ou familial : avec la grand-mère vient un savoir, des gestes et des paroles héritées et acquises, transmises aux parents et à leurs parents. La grand-mère vient rappeler les choses simples de la vie. Par sa sagesse, elle vient solidifier la famille. Et qu’elle est avant tout, une mère . Dans les sociétés « mécaniques » ou holistes, les grands parents viennent toujours aider et quelque part, faire comprendre à la jeune famille que tout problème a une solution, il suffit de les affronter et surtout de s’écouter. Enfin, Minari appuie et affirme l’importance du lien du sang et psychologique entre les grands-parents et le petit fils. Comme un saut générationnel, on retrouve la même fibre en terme de caractère chez la grand-mère et le petit fils : le sournoisement, le caractère fort et hargneux et surtout les pipis au lit, qui saute une génération. Ceux du petit-fils sont signes de traumatismes ou de changements en plus de ses problèmes de coeur. Celui de la grand-mère vient aussi d’une évènement douloureux, suite à une attaque cardiaque. Dans cette scène aussi douce que triste, la grand-mère et le petit fils échangent leurs ressentis. Comme un échange d’énergies, lorsque les deux se prennent dans les bras, on fait face à une absorption des problèmes du petit fils, comme un sacrifice. Le petit-fils David (joué par Alan Kim), s’est ouvert et a enfin accepté l’écoute, l’amour et surtout ses racines coréennes. La grand-mère est comme un ange gardien, venue soutenir la famille rien que par sa présence.

La nature prime avant tout

Par cette démarche économique et agricole poussée par la réussite, le film vient rappeler la force de la foi humaine. Que ce soit notre foi en nous même, notre intuition qui même quand on doute sait déjà et surtout la foi spirituelle et religieuse, la visée du film est autre. En mêlant sagesse et savoir, le film démontre qu’encore une fois, tous les secrets sont dans la nature. La grand mère n’arrêtait pas de le démontrer implicitement mais l’appât du gain et du rêve américain et les désirs portés par la fierté du père, ont assombri cette lumière. La famille Yi traverse de multiples épreuves jusqu’au dénouement final, qui vient d’autant plus les fragiliser et conclure leur leur cercle vicieux. Mais ce final aussi triste que grandiose vient les unir et affirmer que tout évènement lugubre ou agréable permet de nous mener vers le droit chemin. L’univers du mystérieux et du transcendant tient une place importante dans le film. La mère comme le père sont tous les deux habités par leurs croyances et convictions personnelles. Karma, action divine ou hasard, quoi qu’il en soit les efforts du père évaporés, viennent affirmer ses propres dires « never pay for anything you can find for free« . Ce mantra devrait s’appliquer à tous nos faits et gestes dépassant l’aspect matériel de nos vies.

Au final, Minari est un film visuellement agréable et naturel, aux couleurs florales et printanières, ce qui donne cet aspect authentique et réaliste au film. L’histoire de la famille Yi est autant locale qu’universelle et le producteur et scénariste a réussi à sublimer les moments durs traversés par des milliers et milliers de familles. Enfin, Minari vient prouver que même quand tout s’assombrit, il suffit de peu de choses pour entrevoir que la solution est déjà à notre portée. Ni miracle ou artifice, juste de la confiance en soi, clairvoyance et beaucoup de patience.

Lunaticharlie.

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