Sorti le 3 avril 2020, l’album est génial. Après 3 ans de pure admiration pour lui, je ne pensais pas qu’il me surprendrait encore à ce point là mais il a réussi. Le musicien et chanteur a encore une fois rappelé qui il était. J’avais personnellement peur d’écouter son dernier album, au vu des derniers projets de certains artistes que j’apprécie énormément et qui ont sorti des projets qui pour moi sont « corrects ». Mais Thundercat ne me déçoit jamais, j’ai dit JAMAIS. En parallèle au dernier et excellent projet de Kaytranada « BUBBA » (2019), Thundercat a évolué et il est en constante mutation. L’album est cosmique, sidéral, magique. Dans ce projet, il s’éloigne de sa zone de confort et se permet des petits écarts harmoniques et de genres musicaux.
Le thème ambiant de l’album : l’espace, l’univers, la galaxie. L’album me rappelle les projets d’artistes comme Josef Leimberg avec le magnifique projet « Astral Progressions » (2016) ou encore des groupes comme le duo The Foreign Exchange et même Flying Lotus. Il semblerait que Thundercat soit arrivé à un moment important de sa créativité musicale. Voguant sur le genre de l’astral et/ou du cosmique, le musicien a atteint son but interstellaire. Il semble que le thème de l’espace et de la galaxie prenne de plus en plus d’ampleur dans l’industrie musicale. Ayant toujours été présent dans les musiques urbaines comme ont pu nous le prouver Kanye West et Kid Cudi dans les années 2000 ou dernièrement Flying Lotus et JPEGMAFIA qui jouent avec cette ambivalence industrielle et robotique. Ou même dans et surtout les musiques électroniques comme les célèbres groupes Daft Punk ou M83. L’album est parfait.


La guitare est toujours aussi présente, elle anime le projet lui donne sa substance, qu’elle soit électrique ou basse. Mais surtout le synthétiseur qui fait sa grande apparition, on assiste à un combat instrumental. Le projet est un bel hommage indirect (ou pas) aux années 70 et 80, des décennies qui suite à la conquête de l’espace ayant commencé dans les années 60, ont directement été imprégnées musicalement et culturellement par la conquête de la galaxie et des étoiles par les grandes forces politiques et économiques de l’époque. Le disco est l’une des preuves les plus tangibles. Les clips ; les boules à facette ; cette envie de briller sur le dancefloor ; l’allégorie aux étoiles avec les paillettes ; les films Stars Wars ; la découverte des mangas/animés tels que Goldorak et une période dorée pour les Comics ; l’incontournable émission Soul Train ; l’avènement des jeux vidéos dans la culture populaire au travers des arcades (Space Invaders ou Pong) ; des « popstars » planétaires comme David Bowie avec son alter ego/personnage Ziggy Stardust etc… La décennie des années 70 représente cette ouverture culturelle sensible partout dans le monde. Les années 80 continuent dans la lancée avec les mangas et animés Dragon Ball (Thundercat a un titre de son album appelé « DragonBall Durag ») ; une informatisation des sociétés et du quotidien (Apple, Microsoft, Minitel). Le thème du céleste a accompagné ces 2 décennies.
Dans l’album, les musiques s’enchaînent avec des liens logiques de connexion. Elles ne se ressemblent pas mais se complètent. Chacune a sa personnalité et son empreinte.
Le magnifique son « Interstellar love » a un tempo digne de « l’Afrobeat » le genre muscial initié par le remarquable artiste nigérian Fela Kuti dans les années 70. Ce son m’a particulièrement fait pensé à certaines musiques d’Afrique Centrale comme le Makossa (Cameroun). Le son « I love Louis Cole » est une belle ballade enivrante et saccadée pouvant rappelée la pop rock ou le grunge. Dans « Black Qualls », SURPRISE !!! On retrouve le Thundercat que l’on connait si bien, cette fois ci accompagné des talentueux Steve Lacy et Childish Gambino. Nous sommes face aux « Totally Spies » de la musique (lol). Ils ont joint leurs forces mystiques pour le bien de la musique.
Le titre « How I feel » semble être un appel radiophonique vers d’autres planètes, une autre galaxie. Avec les petits bruits de communication, d’excitation électronique et digitale que l’on reconnait très bien, il semble que l’artiste prépare son départ du globe terrestre. Cet album est peut être sa façon de nous dire au revoir. Enfin le titre « King of the Hill » a un air d’adieu, une mélodie bucolique et triste, une saveur mélancolique.
Comme une fusée, le musicien nous amène dans l’espace vers une destination lointaine et inconnue, mais c’est avec plaisir qu’on se laisse guider et emporter dans ce voyage. En ces temps de confinement, l’album fait l’effet d’une thérapie, d’une libération.
Encore une fois, merci monsieur.
Lunaticharlie.
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