Interstella 5555 : une odyssée millénaire, intergalactique et consciente

Hier soir, j’ai eu la chance de voir ce film animé génial, illustrant le fameux album Discovery (2001) du duo français de djs et producteurs Daft Punk. Sorti en 2003 et réalisé par Kazuhisa Takenouchi, en partenariat avec le célèbre studio Toei Animation. Le graphisme provient du créateur de l’animé Albator, Leiji Matsumoto. Interstella 5555 réunit musique, animé japonais et critique politique. Tentons une analyse de cet album visuel précurseur et a l’histoire particulière pourtant réaliste.

SYNOPSIS

Pour ceux et celles connaissant les musiques du duo français, vous savez qu’elles sont totalement inspirées de l’espace et de la galaxie. On le sait et le film est sûrement l’une de leurs plus belles oeuvres. Prenant place dans l’espace, un groupe de musique populaire de 4 extra terrestres est enlevé de sa planète originelle, en plein concert. Ce groupe est composé de « 3 hommes et 1 femme ». Le kidnappeur est un homme terrestre malveillant et avide de célébrité et surtout de gloire. Comme un mange-mort, il va user et manipuler le groupe, leur donner une apparence humaine, leur inventer des origines et des personnalités humaines stéréotypées et il va exploiter leurs musiques extra terrestres contre leur gré. Le groupe est appelé « Crescendolls ». Entre temps, un preux chevalier amoureux de la fille du groupe, ayant assisté à la scène d’enlèvement télévisée vient sur Terre, les secourir. Guider par l’amour, il sauvera le groupe lors d’un énième concert, dans une arène gigantesque rappelant le Stade de France. Malheureusement, il arrivera seulement à sauver les 3 hommes. Ce véreux kidnappeur garde la fille qui est endormie et sous contrôle d’une puce. Les 4 autres hommes font un plan et réussissent à la sauver. Ici commence le chemin de l’éveil mental et psychologique. Dans sa quête terrestre, ce preux chevalier sera sacrifié pour laisser le groupe retrouver sa terre natale et sa liberté physique et surtout psychique. Le kidnappeur est qu’entre autre un personnage représentant l’industrie musicale. Le groupe finira pas rentrer sur sa planète à l’aide des instances internationales et de leur producteur terrien.

Les Crescendolls. Chaque membre du groupe se voit attribuer une couleur de peau et des caractéristiques humaines.
Image Pinterest.

PLUS LOIN QUE L’IMMANENT

Interstella 5555 est une réponse graphique et artistique, c’est un tableau astral et futuriste de l’industrie musicale. Le film montre comment des artistes depuis le XVI-XVII ièmes siècles seraient exploités. Ces artistes qui sont caricaturés dans le film seraient Nina Simone ou encore Mozart. Le fameux kidnappeur incarne ses 1%, ce qu’on appelle communément « eux » dans la culture populaire quand on se réfère aux grands méchants qui contrôlent ce monde. Le kidnappeur représente ces suceurs de talent. Les artistes sont représentés comme des extra terrestres grâce à leurs talents surhumains. Comme le groupe, ils ont été kidnappés, arrachés à leurs planètes natives, pour le bien du marketing et des populations humaines et de la musique humaine, pour des humains qui n’ont pas conscience de ces machinations centenaires. Interstella 5555 est un film quasiment muet mais les images et le film se suffisent. Le film m’a rappelé les musiques de certains artistes comme le duo français Justice ou même l’un des pionniers de la techno, venant de Detroit, Jeff Mills, des producteurs et musiciens voguant sur la musique électronique et son aspect galactique.

Mais surtout, le film fait écho bien sûr à l’exploitation mentale des artistes, usés a l’os, perdant leurs repères. Le film semble avoir donné beaucoup à la culture populaire. Avatar sorti en 2009 qui est du genre Planet Opera a peut être été inspiré par ce film. La peau bleue des extra terrestres signifie souvent des êtres non humains, le film a une significative de l’aspect quasi colonial tout come le film de James Cameron. Dans Interstella 5555, nous sommes bien face à une exploration, une invasion et à une réduction culturelle et matérielle, d’autres communautés vues comme non terrestres, donc vues comme inconscientes, comme les Européens lors des colonisations extra européennes. Avatar est une allégorie de l’extermination des civilisations amérindiennes voire même de la colonisation contemporaine. Interstella 5555 est peut être plus actuelle mais joue sur cette appropriation culturelle de communautés. Un nombrilisme humain et anthropocentrique qu’on retrouve dans beaucoup de films de science fiction. Le film invite à une unité spatiale et galactique. Il invite à des échanges culturels et politiques cordiaux entre planètes et donc aussi entre humains. Ce que l’équipe du film prouve : un mélange de visions et de créativité faisant le pont entre la France et le Japon et un film prônant la langue anglaise.

Enfin le film rappelle la part de mystère que le duo français tente de garder sur son identité et sa vie personnelle. Apparaissant dans le film, le duo met un point d’honneur à faire briller sa musique et son art par le biais de l’anonymat. Interstella 5555 est un film dépassant les sphères qu’on connaît. Le film fait écho et continuera de faire écho pendant très longtemps car l’espace reste à jamais ce terrain ridiculement conquis par les Hommes. Il inspire, effraie mais pousse l’humanité à se transcender et peut être un jour, se redécouvrir dans une autre galaxie.

Image Pinterest.

Lunaticharlie.

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