Depuis plus d’un an, il est impossible d’échapper à ces djs et djettes dansants sur les réseaux sociaux. Cette tendance a permis (enfin) à des artistes de physiquement apprécier leurs propres créations. Ce phénomène est à la fois libérateur mais aussi intrigant. Grand plongeon dans cette tendance virtuelle mais qui bouscule aussi les codes réels du spectacle et de la scène.
Retour aux sources et ouverture du métier aux nouvelles générations & communautés

Enfants des années 80 ou 90, les djs ont toujours été pour nous, ces figures de la fête. Des personnes impartiales, qu’on ne doit pas déranger lors de leurs prestations. Et venant avec leur dj set préparé de manière à répondre ou pas aux attentes du public.
Le djing provient initialement de cultures en marges et communautés noires et afrodescendantes de base très discriminées du hip hop de New York aux musiques house et électro de Chicago et Détroit sans oublier le reggae. Des cultures où la danse est de base, partie prenante de ces scènes et culturellement, de ces communuautés. Il en est de même pour les musiques « afro » tendances comme le gqom et l’amapiano. Qui sont sur les réseaux sociaux toujours accompagnées par des chorégraphies ou pas de danses affiliés. Avec ces djs dansants émergents en ligne mais dont les fanbases sont établies depuis des années, nos générations sont témoins d’un renouveau et d’une évolution des normes corporelles et musicales attendue dans les industries culturelles et en ligne. Ce sont maintenant ces jeunes artistes, avec leurs communautés qui font danser les foules, qui créent des tendances culturelles et virtuelles, venant contrer les normes sociales élitistes du paraître et du non ou peu mouvant.


En voyant ces djs danser, on peut aussi constater une certaine féminisation du métier. Peu représentées ou respectées initialement dans les cultures et musiques noires, les femmes djs et productrices, prennent aujourd’hui les pleins pouvoirs de leurs images et de leurs sphères en ligne. Car la grande majorité de ces djs dansants sont bien des femmes ou des hommes hétéros ou queer assez à l’aise avec leurs corps. Et ce sont aussi des figures des cultures qu’ils représentent comme Kaytranada ou Uncle Waffles, qui deviennent des figures de représentation et inclusion, deux artistes qui ont tous les deux participé à une renaissance du clubbing et de la fête chez les plus jeunes et ce, dans les communautés jeunes et noires. Et qui aujourd’hui, s’emparent de la scène partout dans le monde. Toujours en dansant !
Les réseaux sociaux : nouvelle plateforme de la société du spectacle/paraître

Le principal facteur de cette tendance reste les réseaux sociaux. Dès 2023, on a vu cette avalanche de nouveaux artistes ou plus affirmés, atterir sur TikTok, sous pression de leurs labels. Pour paraître plus accessibles et plus alignés avec leurs fanbases ou pour pallier (souvent) un réel manque de management et investissement humain et créatif, derrière les artistes, de la part des labels. Les réseaux sociaux capturent et symbolisent un outil de présence, visibilité et popularité. Des médias et plateformes culturelles comme Cultur.FM ou Aprtment life, créent par exemple des espaces exclusifs et/ou tiers-lieux, avec des groupes de personnes triées mais qui on sait vont pleinement participer corporellement et visuellement à ces soirées. Codes couleur, colorimétrie soignée, le spectacle est souvent au rendez-vous. En voyant ces djs danser seuls ou accompagnés, partout dans le monde, on voit surtout des artistes vraiment vivre et célébrer leurs créations, directement avec leurs fans, des foules qui dépensent et tiennent à voir tel ou telle artiste pour sa musique et surtout pour cequ’ils représentent. La scène du dj est maintenant et réellement l’endroit où la fête prend place. Les artistes se réapproprient leur statut de stars et importent leurs imaginaires sur scène. Une ouverture visuelle et culturelle qui vient marquer la naissance de nouvelles façons d’être et créer la musique pour nous et par nous.
La scène à travers les écrans, n’est plus un vecteur de démarcation sociale et spatiale, elle englobe tout l’espace, faisant du dj un acteur primaire, en le mettant au centre et en rappelant son importance. Mais l’accolant au public qui l’entoure pour l’énergiser et célébrer l’instant. Avec des industries du clubbing prétendues être en berne ces dernières années et délaissées par les nouvelles générations, ces nouveaux djs et endroits de célébrations viennent pallier la morosité, l’insécurité et les violences souvent exercées envers les femmes en boîtes de nuit. Ces espaces n’en sont pas imperméables mais tiennent à promouvoir un semblant de cohésion sociale et cosmopolite. Ces artistes permettent de créer des safe places physiques et culturelles, avec des publics qui viennent en âme et conscience prendre part à des célébrations de personnalités qui leur ressemblent.
Car qui d’autre plus que les djs doivent véhiculer joie, union et positivité et inclusion dans des espaces de festivités ?
Lunaticharlie

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