De Madagascar au Népal et plus récemment au Maroc, depuis plusieurs semaines, les nouvelles générations, surtout issues de pays d’Afrique et/ou d’Asie, se soulèvent. Le point commun de ces révoltes, c’est qu’elles prennent place dans des pays anciennement colonisés et aux gouvernements répressifs et dictatoriaux. Près de 15 ans après les printemps arabes, qu’est-ce que ces révolutions des Suds, signifient réellement ?
L’essouflement d’une paupérisation mondiale institutionalisée ?

Nombreux sont les pays notamment africains, à se lever depuis ces cinq dernières années, contre les anomalies politiques et économiques dans leurs pays. Après le Covid, l’Afrique de l’Ouest a connu une vague de pays voulant renforcer son indépendance et la fin de son attachement avec la France ou encore, l’Angleterre. En 2023, le Mali ainsi que le Burkina Faso dont le dirigeant Ibrahima Traoré, tient fermement son agenda politique de se déseuropéniser au maximum, ont délaissé le français comme langue officielle, au profit des langues locales et nationales maliennes et burkinabè. Ces colères ne sont pas anodines et interviennent dans un processus mondial où la globalisation et la capitalisation des pays du continent africain « développeraient » certes les capitales et certaines infrastructures liées aux transports, comme on peut le voir activement en Côte d’Ivoire ou au Sénégal. Reste que les populations déjà appauvries, dans les grandes villes ou en campagnes, ne bénéficient que très peu de ces améliorations urbaines et sociales.
À l’image d’un développement à l’européenne ou asiatique, tout simplement occidental, car le système capitaliste ne s’arrête pas aux frontières de l’Europe, un fossé de plus en plus grand se crée entre une classe sociale travailleuse, agricole ou étudiante récoltant que très peu les bénéfices de son labeur. Face à une classe sociale moyenne et aisée, installée et native du pays, ouverte au monde, mais aussi mêlée à des ressortissants ou expatriés, sans oublier les touristes.
Les réalités diffèrent et les soulèvements actuels n’en sont que des conséquences naturelles. Face à des gouvernements qui n’ont rarement établis des lois sociales et économiques pour protéger ses populations face à une concurrence économique affligeante, les soulèvements des pays dits du Sud ne pouvaient être évités.
La fin d’un cycle politique et économique ?

15 ans plus tôt, le continent africain, surtout le Maghreb, connaissait des révolutions violentes et répressives qui ont a minima essayé de faire changer les choses. Des révoltes qui ont poussé plusieurs chefs d’états autoritaires (Tunisie, Egypte ou encore Yémen) a quitté leurs « fonctions ». Plus d’une décennie plus tard, les résultats sont unanimes : les populations jeunes et locales sont toujours délaissées et réprimées face à un tourisme international écrasant et des mécanismes économiques totalement décalés des réalités des populations locales. C’est le grand combat du capitalisme face au réalisme : comment penser, organiser une Coupe d’Afrique des nations de football, sur le sol marocain, lorsque la jeunesse marocaine s’essoufle, peine à trouver de l’emploi, une jeunesse qui représente environ 30% de la population. C’est le continent africain tout tout entier qui est même qui est concerné, un continent très jeune, gangrené par la corruption et dont les jeunesses peinent à pouvoir vivre dignement dans des pays qui les ont vus grandir et ne tentent plus de favoriser l’insertion sociale et économique.
Ce qui est intéressant de constater est cette vague de soulèvements qui embrasent l’hémisphère Sud dans sa globalité. Le Népal, le Bangladesh et dernièrement Madagascar, toutes des anciennes colonies françaises et anglaises, dont la jeunesse s’insurge contre la corruption et l’immobilisme des pouvoirs quant à son désarroi économique. Le monde assiste à un embrasement politique, qui réfute un système de développement face à des colosses non africains et même non européens comme la Chine ou l’Inde, avec des communautés très installées dans l’Afrique francophone d’ailleurs.
Président fuyant comme à Madagascar ou installé depuis trop longtemps et décalé des problèmes économiques des populations actuelles comme au Cameroun, un vent souffle à nouveau, 60 ans après les indépendances. C’est un système colonial perpétué qui s’effrite quant à la gérance de populations de plus en plus éduquées, conscientes, connectées au monde et prêtes à vivre mieux, plus longtemps. Et à par dessus tout, à se faire respecter dans ses choix politiques et démocratiques.
Et l’Europe, a-telle raté le coche ?
L’Europe a quelque part déjà connu cette vague de révolutions. Mais comme tout cycle, elle n’est pas à l’abri d’une résurrection notamment de cette dite génération Z. Le système qu’elle a établi et crée, atteint aussi ses propres populations. Avec un coût de la vie exponentiel, une montée des droites et de l’extrême nationalisme à l’Est mais aussi en Grande-Bretagne qui entraîne avec, son relan de racisme et xénophobie. Les Etats se referment, l’union continentale est fragilisée car l’uniformité politique et économique n’est plus répartie, elle est disparâtre.
Les signes tels que l’épuisement des populations locales comme en Espagne contre Airbnb ou encore le ras-le-bol du surtourisme dans les Alpes italiennes, ce sont les problématiques similaires décriées en Italie, que le peuple marocain décrie aussi à l’heure actuelle.
Le mouvement des Gilets Jaunes, reste plausiblement le dernier mouvement de révolte populaire qu’a connu le peuple français. Un mouvement qui a vite été moqué et insulté par les grands médias « éditoriaux » de la télévision à l’époque. Les Gilets Jaunes réunissaient une France de l’ombre, de métiers tertiaires et des industries, fragilisés par les mécanismes de la concurrence internationale (délocalisations de fabrication made in france par exemple). C’était des Français et Françaises, dont personne parlait réellement, mais qui constitue une vraie force démographique et économique, au vu de l’impact du mouvement et de ses répercussions. Aujourd’hui, la France connaît un autre relan de bagarre philosophique et culturelle, avec une jeunesse qui au contraire tous les idées reçues, se politise, assume ses opinions et sa vision sur le mon de actuel et tient à se faire entendre. Et à militer contre un système qui l’écrase, l’endette et ne favorise pas la mise en place d’un futur prospère. Et c’est surtout une jeunesse qui est presque méprisée face à l’emploi ou l’accès à l’habitat, dont les disparités sont grandissantes.
Force est de constater qu’un vent populaire se fait sentir partout dans le monde. Et on voit un point commun converger : une fatigue mondiale face aux forces politiques et institutionnelles, formant un entre-soi social, une haine des pauvres et privilégiant les plus aisés et le capital. Les révoltes des pays non européens vont-elles raviver l’Occident qui n’est absolument par épargnée par le surtourisme, un abaissement des aides sociales et une fragilité des pouvoirs publics surtout en France ?
Lunaticharlie.

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