ERINE MENDY : CRÉATRICE D’UNIVERS

Erine Mendy est une artiste pas comme les autres. Illustratrice, peintre mais surtout autrice, l’artiste ne cesse de se redéfinir. Le 19 février dernier, à l’aube de ses 26 ans, Erine auto-publiait son premier ouvrage « Born From Disaster », un livre naviguant entre fantasy, identités et réinvention de soi. Ce premier ouvrage est à l’image de l’autrice : pluriel, libéré, inspiré et hors normes. Une interview sincère et drôlement riche en perspectives !

Images par Moment_de_Grace

PZW :  

Erine. Erine Mendy.

ERINE :

Oui, c’est moi. 

PZW : 

Bonjour à toi. Merci d’être présente en ce dimanche matin. Erine, je te décris comme étant une autrice et une illustratrice. 

ERINE:

Effectivement. 

PZW  : 

Bon, dessinatrice, illustratrice, ça se ressemble. Ma8s surtout une créative.

ERINE : 

Bien sûr. 

PZW : 

Est-ce que tu es d’accord avec ces mots-là ? 

ERINE : 

Tout à fait d’accord !

PZW : 

Tu as des choses à rajouter ? 

ERINE : 

Je rajouterais introvertie. 

PZW : 

Mais ce n’est pas ton métier.

ERINE : 

Ce n’est pas mon métier, mais les gens doivent le savoir.

PZW : 

Très bien, sinon Erine, comment vas-tu ? 

ERINE : 

Ça va bien. Je suis un peu fatiguée, à cause du pollen dehors. Mais ça va. 

PZW : 

En dehors de tout ce que je viens de dire, tu définirais comment ?

ERINE : 

Je me définirais comme assez solaire. Pas sociable mais qui est dans la sociabilité.

PZW :

 Je te trouve assez sociable ! 

ERINE : 

Je ne suis pas sociable !  J’aime bien être chez moi toute seule mais ça ne me dérange pas tant que ça d’être avec d’autres personnes. Donc sociable mais pas trop ! 

PZW : 

Très bien. Si vous n’êtes pas au courant, Eine a sorti son premier ouvrage en février dernier.

ERINE : 

Le 19 février. 

PZW : 

Oui, tu peux nous donner le titre ? 

ERINE :

Le titre c’est “Born From Disaster” (2025, autopublié).

PZW :

Et j’ai plein de questions le concernant ! Pour commencer, pourquoi tu as décidé d’écrire ce livre et comment tu es arrivée au fait d’être autrice ?

ERINE : 

J’ai toujours aimé écrire. Au lycée, j’avais un groupe damis avec lequel j’écrivais des histoires.

PZW : 

Tu étais en L (filière littéraire) non ? 

ERINE : 

J’étais en L, bien sûr. Et du coup, j’aimais beaucoup l’anglais. Et ma prof d’anglais nous donnait aussi beaucoup de travaux créatifs. On écrivait plein, plein d’histoires. Comme on s’envoyait plein d’histoires, je les ai oubliées, jusqu’à mon arrivée à la fac, où je suis retombée dessus.

Et je me suis rendue compte que ça fait longtemps que je n’ai pas écrit parce que je m’étais principalement tournée vers le dessin.

PZW : 

Ok. 

ERINE : 

Et quand j’ai revu mes textes, ça me fait sentir quelque chose. Et que d’autres personnes pourraient aussi ressentir ce que je ressens. Donc, j’ai commencé à écrire pour le “fun” à la base. Et que j’écrirai un livre un jour, juste pour voir. Plus j’avançais dans l’écriture du livre, plus je me disais qu’il fallait le publier. Et le voici ! 

PZW : 

Et tu as pris combien de temps pour l’écrire ?

ERINE : 

Officieusement depuis le lycée avec mes amis, ça fait à peu près 8 ans exactement. Mais officiellement, ça fait 4 ans, car j’ai repris sérieusement en 2020.

PZW : 

Et pourquoi tu penses que tu as pris autant de temps à l’écrire ? 

ERINE : 

Parce que j’étais occupée.

PZW : 

Occupée à quoi ?

ERINE : 

J’avais ma licence et mon travail en dehors de la licence faisait que je n’étais pas forcément concentrée dessus. J’avais des travaux à faire, ainsi que des petits mémoires. J’avais aussi des dissertations et des exposés à rendre très souvent. Ce qui fait que ça m’a pris du temps.

PZW : 

C’était vraiment un but vital d’être autrice ou ça t’es venue par hasard ? 

ERINE : 

C’est pas un accident ! Quand j’étais plus jeune, je voulais faire plusieurs métiers. Mais je ne savais pas lequel. Et être autrice faisait partie de ces métiers là.

PZW : 

C’était quoi les autres métiers ? 

ERINE : 

Il y avait danseuse, il y avait prof. 

PZW : 

Oui bon professeure tu l’es presque devenue.

ERINE : 

Et il y avait autrice, ainsi que photographe. 

PZW

Que des métiers créatifs du coup.

ERINE : 

Exactement ! 

PZW : 

Rien en médecine, ni en droit ? C’était pas ta vibe ? 

ERINE : 

Non pas vraiment ! 

PZW : 

Du coup danseuse, mais quel genre ? Classique ? 

ERINE : 

Non plutôt dans le hip-hop. Après classique c’est vrai que c’est intéressant.

PZW : 

Mais tu étais au conservatoire, tu voulais être danseuse professionnelle ?

ERINE : 

Moi dans des ballets, jamais. 

PZW : 

Erine, je ne te vois pas beaucoup danser.

ERINE : 

Non, parce que j’ai surtout fait de la danse pendant le collège. Au lycée, un peu moins, parce que du coup j’étais en filière littéraire et que je crois que j’avais commencé à faire du théâtre. Et il y avait actrice aussi d’ailleurs. 

PZW : 

Ça te correspond bien. 

PZW : 

Tu as sorti ton premier ouvrage il y a un peu plus de 6 mois maintenant. Qu’est-ce que ça signifie pour toi de l’avoir sorti ? 

ERINE : 

Le début de quelque chose de nouveau !

PZW : 

C’est-à-dire ? 

ERINE : 

C’est-à-dire qu’en fait, ce n’est plus seulement moi. Je ne suis plus dans ma coquille. Elle s’est ouverte et ça veut dire que les gens peuvent vraiment me voir à travers mes écrits. Certains me disent que quand j’écris c’est exactement la même chose que quand je parle. Mais on perçoit quand même quelque chose de différent, de surprenant. Cet ouvrage me permet de m’ouvrir un peu plus aux autres, à ma façon.

PZW : 

Et d’un point de vue personnel, qu’est-ce que ça t’a fait de sortir ce livre-là ?

ERINE : 

Ça m’a rendu vraiment heureuse parce que c’est un but que j’avais. Et le fait que début 2024, je m’étais dit qu’il faut absolument qu’en février 2025, le livre sorte. Et j’ai vraiment tout fait pour que ce livre sorte en février 2025. En somme, j’ai vraiment accompli quelque chose. 

PZW : 

Et pourquoi cette date ? Pourquoi février 2025 ?

ERINE : 

Black History Month. 

PZW : 

Je veux dire, tu as eu 25 ans en 2024.

ERINE : 

Sauf que pour mes 25 ans, j’avais prévu de faire un grand voyage. Je n’avais pas forcément le temps de le faire pour mes 25 ans. Du coup, j’ai déplacé cet objectif à mes 26 ans.

PZW : 

On va rentrer un peu dans le vif du sujet par rapport à ton ouvrage. Que j’ai eu la chance d’avoir en mains. Il fait vraiment écho à ce que tu viens de me dire, parce que j’ai beaucoup retrouvé de toi dans le personnage principal. Je ne vais pas dire que ça ressemble à ta vie, mais te connaissant, ça te ressemble beaucoup.

Ce ne serait pas une sorte de petite autobiographie fictive ?

ERINE : 

Je dirais pas dans ce sens-là. Il y a peut-être quelques aspects. Il y a le fait qu’elle a des responsabilités qui arrivent tout d’un coup et elle ne sait pas comment les gérer. Et elle ne sait pas comment les gérer et elle pense plutôt à ne pas les accepter. Donc on est face à un personnage qui tend à grandir avec ces contraintes. Donc il y a une part de vérité, sinon le reste est vraiment fictif. 

PZW : 

Il y aussi le fait qu’elle soit noire. Et aussi la personnalité avec le fait qu’elle soit aussi une “bookworm” (rat de bibliothèque). 

ERINE : 

Oui, elle travaille dans la bibliothèque de sa fac. 

PZW : 

C’était plus dans ce sens-là et… Quelque part tu ne serais pas ta propre inspiration ?

ERINE : 

On peut dire que oui, parce que j’ai une façon de penser que je ne retrouve pas souvent dans les livres que je lis, généralement, il n’y a pas de personnages vraiment matures. J’ai souvent l’impression que les auteurs essayent toujours d’écrire des personnages avec des défauts. Et que la maturité passe à la trappe. J’ai essayé d’écrire un personnage avec des défauts, comme moi, mais qui essaie d’être mature dans ses décisions. Donc dans un sens oui je m’inspire de ma propre vie. Des fois, je fais des erreurs, je m’en rends compte et j’essaye de me les rappeler.

PZW : 

Est-ce que tu as eu d’autres inspirations pour écrire ce livre ?

ERINE : 

Mes parents. il y a des personnages dans le livre qui leur ressemblent. Dans la manière qu’ils acceptent les décisions que je prends. Le fait qu’ils essaient toujours de me guider dans tout ce que je fais. Il y a le fait qu’ils soient assez aimants. Enfin ils ne sont pas très très présents dans le livre mais nous on les ressent quand même. J’ai mes amis aussi du lycée, parce qu’à la base c’est au lycée que ça a commencé. On les ressent plus autant qu’avant, que dans la première version. Mais il y en a quand même un peu…

PZW : 

Et de quoi parle ton livre ? 

ERINE :

Mon livre ? La question tant attendue. Alors, ça parle d’une fille…Une jeune femme de 21 ans, qui va fêter ses 21 ans et ses amis lui organisent une fête.  Pendant cette fête, il y a quelques problèmes, parce qu’elle se rend compte qu’il y a un “autre monde” qui existe. Elle se rend compte aussi qu’elle fait partie de ce monde-là.

Et donc il y a sa mère, qu’elle ne voit généralement que tous les 5 ans à cause du travail, elle la revoit, mais cette fois-ci 7 ans après. Et elle lui explique qu’elle fait partie d’une catégorie de personnes qu’on appelle les “enfants”, en anglais, “the redmoon children”, en français ça serait les enfants de la lune rouge. Et qu’ils ont besoin de refaire une cérémonie pour récupérer leurs pouvoirs, qu’on leur a enlevés plus jeunes. 

PZW : 

Pourquoi c’était aussi important pour toi d’écrire ton livre en anglais et surtout d’utiliser le genre de la fantasy et d’avoir créer un nouveau monde ?

ERINE : 

La fantasy c’est un échappatoire. C’est une manière de “ne pas rester là où je suis”. Dans le sens où j’aime quand même m’échapper, j’aime quand même créer, j’aime quand même me dire qu’il pourrait y avoir “autre chose”. Ensuite, pour ce qui est de l’anglais, c’est parce que pratiquement toutes mes études ont tourné autour de l’anglais.

PZW : 

Et c’est une langue dans laquelle tu es très à l’aise aussi. 

ERINE : 

Très très à l’aise effectivement. Depuis que je suis toute petite, mes parents me parlent en anglais. Et aussi, par rapport au fait que le français c’est DUR !

PZW :

Ça aurait été plus facile d’écrire en anglais qu’en français, tu penses ?

ERINE :

En fait, ça vient plus naturellement. Dans le sens où le Français, la personne, passe par plusieurs choses, plusieurs métaphores, pour dire quelque chose. Donc ça veut dire que je sais que ça aurait pris beaucoup plus de temps si je l’avais écrit en français. Maintenant, pour passer de l’anglais à la traduction au français, ça va être beaucoup plus simple.

PZW : 

Tu parles beaucoup de tes parents, je sais que tu es très attachée à eux. Culturellement, comment ça se fait que tu parles anglais ? Et est-ce que tu peux nous parler aussi un peu de tes origines ? 

ERINE : 

Oui, bien sûr. Si on regarde bien, il n’y a absolument aucun rapport à l’anglais.

PZW : 

Oui, c’est ça en effet.

ERINE

Justement culturellement, je suis plus liée au portugais. Parce que je suis de Guinée-Bissau. Et c’est une ancienne colonie portugaise. Mais mon père étant un fan de comics, depuis très petit, il ne trouvait que des comics en anglais. Du coup, il a appris pour pouvoir comprendre et pouvoir se divertir. Il a aussi longtemps travaillé à l’aéroport, donc dans un endroit où il devait parler en anglais presque tout le temps. Et c’est avant tout un fan de langues, il parle à peu près 7 langues. 

PZW : 

Ah oui ? 

ERINE : 

Oui, il parle le français, l’anglais, l’espagnol, le portugais, il parle italien. Il parle le manjak qui est la langue de chez moi. Et un tout petit peu, vraiment un tout petit peu d’arabe. Donc, il est polyglotte, il aime beaucoup ça. Il nous a fait baigné dans les langues dès l’enfance. Tout le monde chez moi parle anglais, que ce soit de moi qui ai 26 ans jusqu’à ma petite sœur qui a 12 ans. C’est vraiment une langue que j’ai appris à aimer très jeune. Même avant d’entrer à l’école.

PZW :

Et ta maman ? 

ERINE :

Ma maman aussi parle anglais à cause de son travail parce qu’elle travaille dans une banque internationale. Elle est aussi de Guinée-Bissau. Les deux parlent le manjak.

PZW : 

Cela fait sens que tu sois là où tu es. Et, en dehors de ta famille et tes proches, est-ce que tu as des auteurs ou des autrices préférés ou même des sagas que tu aimes beaucoup ?

ERINE : 

J’ai vraiment repris la lecture en 2021. Je m’étais dit que je ne peux pas écrire un livre sans avoir lu les choses qu’il y a dehors en ce moment. J’ai lu du Tahereh Mafi, qui avait la série de livres “Shatter Me”. J’ai aussi lu des ouvrages d’Hafsa Faizal. Et j’ai lu des ouvrages de l’autrice américaine Victoria. E Schwab.

PZW : 

Schwab, it’s giving Arabic. 

ERINE : 

Non, vraiment pas. Elle a écrit un livre assez connu qui s’appelle La vie invisible de Addie Larru (2020). Et la dernière autrice c’est Olivie Blake (Alexene Farol Follmuth), elle est connue pour la saga Atlas 6 (2020). Je suis en train de lire le dernier. Ce sont ces quatre autrices que j’aime beaucoup en ce moment.

PZW : 

Et toutes ces autrices ne sont pas françaises du coup, pourquoi tu ne lis pas en français ?

ERINE : 

J’ai lu en français, je n’ai pas beaucoup lu en français, c’est ça le problème. 

PZW : 

Mais pourquoi du coup ?

ERINE : 

À cause de la mondialisation, les américains sont dans les marchés, en tout cas du livre, très très mis en avant. La majorité des livres qu’on va voir, enfin pas la majorité, il y en a mais il y en a beaucoup d’auteurs français et en fait aussi dans ce que je veux faire, comme j’écris en anglais, je suis obligé d’aller chercher outre Atlantique. Et je ne peux pas aller prendre des traductions de livres en français. Etant donné que je lis donc beaucoup de livres en anglais, je peux pas aller prendre des traductions de ces livres en anglais ou en français parce que du coup c’est pas la même chose, c’est pas la plume de l’auteur, c’est la plume du traducteur. Donc personnellement je vais directement à la source pour mes témoins. Et après j’ai lu en français, notamment quand j’étais plus jeune.

PZW : 

Le français, ne t’inspire pas autant que l’anglais ?

ERINE : 

Non, parce qu’à cause de ma licence de langues, j’ai étudié beaucoup d’œuvres en anglais et j’ ai plus pris l’habitude de faire ça que de lire en français. Donc ça veut dire que si je lis en français c’est vraiment parce qu’un livre m’a vraiment attiré.

PZW : 

Et ce que tu lis c’est essentiellement que de la fantasy, c’est pas forcément des romans ou des histoires qui ne se passent pas sur Terre…

ERINE : 

 Le seul genre que je ne lis pas ce sont des livres qui ne sont pas basés sur la fiction. Ça veut dire qu’il y aura toujours un élément fictif à l’intérieur. Sinon, je n’y arrive pas. Je l’ai toujours dit même pour les films : si c’est écrit basé sur des faits réels, je ne vais pas le voir. J’aime pas ! 

PZW : 

C’est-à-dire tout ce qui est historique…

ERINE :

L’histoire  j’ai du mal. Il y a des fois où je peux, mais j’ai vraiment du mal.

PZW : 

Tout ce qui est psycho etc….Tu es dans ton monde ! On a parlé littérature, mais je sais que tu es aussi quelqu’un de très pluriel et que tu t’aimes beaucoup aussi le cinéma ou les séries et surtout la musique. Et en termes de cinéma, c’est à peu près la même chose ? 

ERINE : 

Oui, c’est l’univers Marvel, l’univers Disney. Et la science-fiction, j’aime beaucoup la science-fiction. Désolé mon peuple, mais les histoires sur les esclaves, j’ai du mal.

PZW :

Mais puisqu’on est là, Sinners tu en as pensé quoi ?

ERINE : 

Sinners, j’ai beaucoup aimé. Mais encore une fois il y avait le côté fictif à l’intérieur. Et c’est pour ça que ça m’a aidé parce que les films qui parlent de la souffrance de personnes noires, c’est pas forcément parce que je n’aime pas le thème, c’est que j’ai du mal parce que je suis vraiment dans le “black joy”. Donc Sinners, l’histoire est vraiment bien. J’ai quand même étudié les américains, tous les peuples anglais. J’ai vu beaucoup d’échos à l’histoire irlandaise, à l’histoire américaine et tout le reste. Du coup, c’était vraiment très sympa. Et voir ça dans le film et le reconnaître franchement, c’est ce qui m’a apporté le plus de plaisir. Je souriais devant l’écran au cinéma. 

PZW : 

Et qu’est-ce que tu écoutes en général aussi?

ERINE : 

2024, c’était l’année où j’ai vraiment tout donné pour le livre. J’écoutais vraiment que des instrumentalisations. J’écoutais des chansons sans paroles, parce que j’en avais pas besoin, j’avais juste besoin d’écouter les basses. Ça me permettait de me guider, de savoir un peu où j’allais dans mon récit. Il y a des fois où, comment dire, il y a des sons qui sonnent comme des batailles, il y a des sons qui sonnent comme un deuil, il y a des sons qui sonnent comme un bal.

À ces moments-là, ce n’est rien et que de la musique et ça inspire ! Donc la majorité en 2024 c’était ça. Maintenant, j’écoute un peu tout. Bon, peut-être pas du métal, mais j’écoute du classique, du rap, du hip-hop. J’écoute de la k-pop. J’écoute du rap français et r’n’b français. Et même du r’n’b allemand. 

PZW : 

Ils sont forts les allemands, on en parle pas assez. 

ERINE : 

Et beaucoup d’afro aussi.

PZW : 

Et tu en es où dans ton cheminement d’écriture ? Et est-ce que t’es amenée à écrire d’autres choses ? 

ERINE : 

Bien sûr ! Je ne vais pas m’arrêter là ! En ce moment, je suis en train d’écrire le tome 2. J’en suis pas à la moitié mais j’ai déjà 100 pages.

PZW : 

Et tu arrives à avancer plus que pour le premier on a l’impression. 

ERINE : 

C’est beaucoup plus simple. C’est tellement plus rapide. Et je suis aussi en train de commencer l’écriture d’un autre livre. J’ai déjà écrit le prologue et le premier chapitre. 

PZW : 

Mais attends, combien de livres ? Trois ? Tu écris trois livres en même temps ?

ERINE : 

J’écris trois livres en même temps, oui, mais il y en a à peu près huit en tout.

PZW : 

Quoi ? 

ERINE : 

Pour expliquer :  j’ai déjà fait mon synopsis pour chaque livre. Et le seul problème, c’était de savoir dans quel ordre j’allais vraiment m’y mettre. Mais en tout j’en ai 8, j’ai tous mes dossiers dans mon téléphone.

PZW : 

Et à part le deuxième tome, les autres livres, c’est aussi des trilogies, des sagas ?

ERINE : 

Le deuxième, c’est de la science-fiction. Le troisième, c’est du mystère. Le quatrième, c’est de la romance. Le cinquième, c’est de la mythologie africaine.

PZW: 

Ah quand même ! 

ERINE : 

En fait, je l’ai mis en cinquième parce que je veux VRAIMENT l’écrire. D’ailleurs, je suis en train de l’écrire en même temps. Du coup, j’en ai quatre que j’écris en même temps. Mais je dois vraiment faire beaucoup de recherches. Donc, je l’ai mis en cinquième pour ne pas me presser. Et celui d’après, c’est un livre de super-héros. 

PZW : 

Tu as l’air de vraiment aimer les rapports de pouvoir aussi. Je ne vais pas dire tout ce qui est d’ordre de la caste, mais tout ce qui dépeint une société hiérarchisée. Et concernant le fait que tu sois, entre guillemets, autopubliée. Pourquoi t’as pas choisi d’être publiée par quelqu’un d’autre ?

ERINE : 

C’était un choix que j’ai fait parce que c’était ma première œuvre et je voulais absolument qu’elle soit entièrement mienne. Après ça n’arrive pas forcément tout le temps, mais lors d’une publication traditionnelle, ils te demandent de modifier plein de choses, ils jugent beaucoup ton travail. Et personnellement je voulais être la seule juge de ce que j’ai créé parce que c’était vraiment la première fois et je voulais être libre. Après si j’ai d’autres occasions, j’irai vers des maisons d’édition. Mais je voulais que mon premier ouvrage soit à moi à 100% ! 

PZW : 

Écrire un livre, c’est une création, c’est une œuvre qui sort et que tu publies devant le monde entier. Ça reste à débattre, mais souvent, une œuvre, une création, à la fin, elle ne t’appartient plus. 

ERINE : 

Je sais. C’est pour ça qu’au début, je voulais avoir le contrôle. Même si c’est un peu fantasque en quelque sorte, j’avais envie d’avoir à moi toute seule quelque chose. Maintenant, c’est pas forcément 100% moi parce qu’il y a beaucoup de personnes qui m’ont aidé. Il y a mon amie Christa qui m’a aidé. Ainsi que ma copine Anna qui m’a aidé. Je lui demandais souvent ce que je devrais faire. Finalement, il n’y a pas que moi dans cet ouvrage.  Je le sais, je le ressens, mais au moins, il n’y a pas un multibillionaire, ni de l’entrepreneurship derrière. C’est juste moins mon authenticité et quand même mes amis autour de moi mais ça reste moi parce que du coup ce sont mes amis.

PZW : 

Ca fait un peu écho à ce que je te disais tout à l’heure, mais pourquoi t’as décidé de représenter une femme noire dans un contexte de fantasy?

ERINE : 

Parce que dans la majorité des livres que j’ai lus, il n’y avait que des personnages blancs. Je ne me sentais pas représentée. Et j’ai vu beaucoup d’autrices noires elles-mêmes écrire des femmes blanches aussi. Je me suis dit mais ce n’est pas logique. En plus, surtout depuis 2020 avec le mouvement Black Lives Matter, on était tous en train de se dire qu’on a besoin de représentation, on a besoin d’écrire, on a besoin absolument de se sentir représentés.

On a besoin que l’œuvre qu’on est en train de lire soit un miroir. Le fait que des autrices noires, elles-mêmes, écrivent des personnages blancs et qu’il y ait soit le petit ami noir ou la meilleure amie noire, ou le seul personnage principal, en fait, ça nous met de côté un peu. Donc, j’ai préféré plutôt avoir un meilleur ami noir. et les personnages rassemblés. 

PZW : 

On retrouve ce phénomène de Magical Negro, que dans la fiction en général ou c’est vraiment dans le côté fantasy ou science-fiction ? Par exemple, quand on parle de science-fiction, souvent, oui, les personnages vont être blancs parce que je sais que ça a un rapport souvent racial, voire même colonial, de se dire que c’est des personnes blanches qui vont investir l’espace, qui vont faire de la science, qui vont faire des maths, tandis que les personnes noires ou africaines ou afro-descendantes, on ne les imagine pas trop dans ce genre de métiers.

ERINE : 

C’est un aspect autant fictif que fantastique. Parce que dans la fantasy, généralement, la majorité, quand ils écrivent, c’est dans un temps antérieur au nôtre. Avec les rois, le Moyen-Age. Ils se disent que les personnages seront forcément blancs. D’ailleurs, en ce moment je crois qu’il y a une espèce de renaissance, ce qui fait que n’importe quel personnage peut être noir, on a pu le voir dans Bridgerton ou House of Dragons.

PZW : I

Il y a des personnages noirs dans la série ?

ERINE : 

Oui, en tout cas parmi les personnages principaux de ce que j’ai vu.

PZW : 

Ils ne sont pas métissés ? Non parce que ça c’est encore un autre débat. Mais il y a souvent beaucoup de colorisme.

ERINE : 

D’ailleurs, Il y a eu une polémique à cause de ça parce qu’il y a une autrice qui a écrit une histoire qui est basée au Nigeria. Et ils ont adapté le livre sauf que le personnage principal est light skinned (clair.e. de peau). Et tout le monde a pété un câble. Parce que normalement elle est censée être dark skinned et grosse. Et elle est devenue maigre et light skinned. 

PZW : 

Tu connais le titre du livre ? 

ERINE :

C’est “Children of Bone » je crois.

PZW : 

Ah mais c’est connu. C’est dingue. 

ERINE : 

Et beaucoup de lecteurs n’ont pas trop aimé. Et d’ailleurs c’est l’actrice Amandla Stenberg qui jouait dans le film “The Hate U Give” (2018)  qui joue le rôle.

PZW : 

Elle joue partout. Oui. Mais elle est souvent dans des polémiques, où on l’accuse de s’approprier des rôles de femmes noires.

ERINE:

Oui, dans The Hate U Give, le personnage qu’elle joue était aussi dark skinned de base. 

PZW : 

Et dans Hunger Games aussi, elle joue Rue. La petite fille noire, avec beaucoup de cheveux là.

Mais de base quand tu lis les livres, c’est censé être une fille en tout cas plus foncée qu’elle ne l’est. Lors de la sortie du premier film, il y a eu beaucoup de débats.

C’est intéressant les problèmes d’adaptation et transmédias. On arrive vers la fin de l’interview. Je voulais savoir qui ce t’attend, personnellement déjà, parce que tu es en phase d’avoir ton master de prof. Mais je sais que tu ne le seras pas.

ERINE : 

Je ne le serai pas (rires)

PZW : 

Qu’est-ce que tu penses que ces prochaines années te réservent sur le plan professionnel ? 

ERINE : 

Déjà, je vais me concentrer beaucoup plus sur l’écriture.

PZW : 

D’en faire un vrai métier ?

ERINE : 

C’est le but de ma vie. 

PZW : 

En France ou à l’étranger ? 

ERINE : 

Partout ! Tu sais comme j’aime voyager ! 

PZW : 

Et toujours en anglais ?

ERINE 

Toujours en anglais effectivement. Après s’ il me vient l’envie d’écrire en français, j’écrirai en français. Ça prendra plus de temps.. Mais j’écrirai quand même. Partout dans le monde. Je viens d’une famille de globetrotteurs. Et si l’envie m’en vient aussi, peut-être ouvrir un café librairie. 

PZW : 

C’est mignon ! Où à Brooklyn ? Ou à Londres, à Camden ? Ou peut-être en Guinée ? 

ERINE : 

Franchement, oui. Après, pour la Guinée, il faut d’abord une petite médiation histoire que les gens viennent. Car malheureusement dans les écoles, ils ne sont pas tous lettrés. C’est vraiment…

PZW : 

Un cheminement. 

ERINE : 

C’est pas pour tout de suite. Je sais que ce serait un projet. En tout cas, je sais que je vais investir là-bas. Mais est-ce que je vais investir en Guinée dans la littérature ? Pas forcément tout de suite.

PZW : 

Et sur le plan créatif, ton prochain livre, tu penses le sortir bientôt ? Et en auto-édition ? Ou tu vas prospecter des maisons d’édition en France comme à l’étranger ? 

ERINE  : 

Dans le meilleur des mondes, fin de l’année 2025. 

PZW : 

C’est bientôt !

ERINE : 

Donc ce serait soit fin novembre, soit dans la période de décembre. Je pense que ce sera aussi en auto-édition, parce que je trouve ça juste plus rapide. 

PZW : 

Et enfin, qu’est-ce qu’on peut te souhaiter ? On n’a pas abordé le côté mental. 

ERINE : 

Le côté mental ? En vrai, je suis heureuse. Je suis très très heureuse. Des fois, j’ouvre ma bibliothèque et je me dis quel livre je vais lire après, et tout d’un coup, je tombe sur mes livres ! 

PZW : 

C’est trop mignon.

ERINE : 

Je ne me rends pas forcément compte qu’il est réellement sorti. Ça m’a juste rendu heureuse et c’est quelque chose que j’ai fait et je me dis maintenant que je l’ai fait. Est-ce que j’ai envie de continuer ? Et le fait de l’avoir dans mes mains et de voir ce livre dans les mains de quelqu’un d’autre, c’est totalement ce que j’ai envie de continuer à faire.

PZW : 

Et qu’est-ce qu’on peut enfin te souhaiter pour la suite ?

ERINE : 

Que de l’inspiration, de l’inspiration, de l’inspiration parce qu’il y a le syndrome de la page blanche. Pour l’instant je ne l’ai pas eu et j’espère ne jamais l’avoir. Et des voyages, au moins trois fois par an. 

PZW : 

Ah oui, tu vas devoir écrire beaucoup. Merci à toi Erine ! 

ERINE : 

Merci ! 

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